PAUVRE PETIT MACHIN CHOSE, Préambule

PRÉAMBULE
En cette année difficile, alors que le feu crépite dans la cheminée, rompant à peine le silence dans la maison endormie, Léo, dix-neuf ans, s’entretient avec François, un ami de sa famille. Bien que le deuxième compte quatre-vingts années d’existence « seulement », il est considéré, par notre jeune godelureau, d’un âge canonique à qui l’on peut toute confier ?
Le blanc-bec fait montre d’un grand désir d’échanger ses propres sentiments, comme ses expériences et ses observations, avec cet « ancien », comme l’on ne s’exprime plus actuellement où le respect dû aux crânes chenus est devenu démodé.
Tous les deux se rencontrent assez rarement, mais apprécient aussi bien le franc-parler que l’ouverture d’esprit de chacun d’entre eux qui acceptent facilement la controverse sans se sentir attaqués dans ses fondements.
Si le sexagénaire se garde loin des idées à la mode, dans laquelle son comparse dans la fleur de l’adolescence a tendance à se laisser piéger, il a conscience qu’il comprend difficilement les comportements comme les modes des générations de son temps.
Les programmations de la télévision lui en donnent la preuve journellement. Se complaît-il un peu trop dans le conservatisme issu de sa classe ; il aimerait trouver des réponses au cours de contacts enrichissants avec ce jeune qui l’oblige à intégrer dans ses raisonnements les décalages des vécus.
Son passé paraît enfoui, pour beaucoup des contemporains, dans les lointaines ères « historiques » que subit l’humanité, alors que pour l’aîné, le début du demi-siècle, c’était hier.
Le jeune garçon reconnaît que sont rares les moments où ils se voient en tête-à-tête, sans que personne interfère entre eux. Léo peut questionner son ami, si l’envie le prend dans ces occasions ou encore permettre au vieil homme de se confier à lui.
Le fait que celui-ci ne soit pas directement de la famille laisse à chacun une plus grande liberté de paroles.
Le lycéen de l’an dernier, candidat de fraîche date aux plus éminentes destinées universitaires, entend profiter de cette période de Noël qui s’y prête parfaitement, en raison du mauvais temps qui règne au-dehors, pour se documenter sur le passé d’un individu de cet âge.